Chili 2016
Le détroit de Magellan et les manchots royaux
Jeudi10novembre
Dernier réveil à Puerto Natales dans notre hospedaje casa Teresa.
Nous quittons ainsi Puerto Natales (non sans saluer quelques moutons sur le bord de la route) pour rejoindre la grande ville de Punta Arena, à 3 heures d'ici, plus au Sud près du détroit de Magellan.
A peine le temps de trouver une chambre à Punta Arenas, nous décidons de continuer la route vers le sud tant que cela est possible afin d'atteindre le bout du bout du continent américain... Il nous faudra une heure et 70 kilomètres sur la route 9 pour y arriver. La route puis la piste se terminent devant cette pancarte sans équivoque quant à la possibilité de continuer en voiture...
"Hito geográfico donde comienza el continente americano señalado por la cruz de los mares", repère géographique où commence le continent américain marqué par la croix des mers.
Nous continuons donc à pied pour se rapprocher de la pointe du continent mais hélas nous savons déjà que nous n'y arriverons par car elle se situe à une trentaine de kilomètres...
Si le continent se termine, c'est sans compter les innombrables îles qui nous séparent du cap Horn véritable extrémité du continent, situé à 350 kilomètres d'ici !
Des moules... Bah oui, ce n'est pas parce que c'est la fin du monde, que tout bivalves qu'elles sont, elles n'ont pas le droit de s'installer ici !
Nous sommes dans le détroit de Magellan, et ce brise-glace (l'Almirante Maximiano H-41), navire brésilien de recherche océanographique, revient peut-être de l'Antarctique (à au moins 1000 km d'ici quand même..).
Nous rebroussons chemin et reprennons la voiture. Nous croisons quelques ouettes. La ouette grise est une ouette de magellan (Chloephaga picta), un mâle. La ouette orange est une ouette à tête rousse (Chloephaga rubidiceps). D'après la pancarte, cette dernière est en danger d'extinction. En effet, depuis la réintroduction du renard gris dans la région, la population de ce volatile a largement diminué.
Un peu plus loin, un petit monument pour rappeler qu'ici était établie la base des opérations terrestres de l'expédition hydrographique britanique en eaux magellanaises (1826-1830)...
Vendredi11novembre
Aujourd'hui, c'est une petite boucle en voiture que nous allons effectuer tout au long de la journée. Ce circuit nous emmènera de l'autre côté du détroit de Magellan où nous pourrons notamment approcher les rares manchots royaux... Et qui dit passer de l'autre côté du détroit, dit ferry à prendre ! C'est au "Tres Puentes" à Punta Arenas que nous le faisons. Un seul départ par jour à 9 heures pétantes !
A peine 90 minutes pour traverser les 35 kilomètres qui séparent les deux côtes. Nous accostons à Porvenir et du même coup posons le pied (les pneus) sur la province chilienne de Terre de Feu. Nous embarquons également un français et une australienne avec nous, ils sont au Chili depuis 6 mois et explorent le pays en stop. Ils nous accompagnent donc jusqu'aux manchots royaux.
Nous voici donc au Parc des Manchots Royaux avec nos deux nouveaux co-voyageurs. Pas grand chose sur les lieux, une simple cabane suffit pour recevoir les visiteurs.
Le temps de rejoindre la cabane, nous surprenons un renard gris d'Argentine (Lycalopex griseus).
Derrière la cabane, un petit sentier mène jusqu'aux panneaux d'observation qu'il ne faudra pas dépasser afin de préserver l'habitat des volatiles.
Les oiseaux sont à une trentaine de mètres de nous mais suffisamment près quand on a un bon zoom...
Le Manchot royal (Aptenodytes patagonicus) est un proche cousin du célèbre manchot empereur. Il est plus petit (moins d'un mètre) mais ses tâches jaune orange sont plus prononcées.
Si le manchot empereur ne vit qu'en Antarctique, le manchot royal lui, se répartit sur quelques îles autour de l'Antarctique. Mais c'est ici qu'il est le plus facile à observer, du moins pour les simples badauds que nous sommes, les autres étant en plein milieu des océans...
Un juvénile et son duvet marron. Il est en pleine mue, son pelage va bientôt céder sa place aux plumes noires et blanches de l'adulte.
Au fond, la Bahía Inútil (la baie "inutile") donnant sur le détroit de Magellan. Cette baie, nommée en 1827 par le capitaine britannique Phillip Parker King, fut qualifiée d'« inutile » car elle n'offrait « ni ancrage ni abri, ni aucun autre avantage pour le navigateur »... © Wikipedia
L'impressionant duvet du jeune manchot lui offre une grande protection contre le froid et le vent mais le met dans l'incapacité de nager et partir en mer chasser sa nourriture. Il ne peut donc compter que sur ses parents parfois partis plusieurs mois dans des eaux plus fertiles en poissons...
Sur la vidéo de droite, ce juvénile a préféré ne pas se séparer de sa "cagoule-duvet" pour commencer ce printemps frisquet...
A une centaine de mètres, une partie de la colonie préfère les galets de la plage aux herbes hautes des dunes.
En tout cas, cela semble être le lieu idéal pour s'isoler ou pour faire une ronde avec ses copains...
Dernier coup d'oeil sur la colonie, avant de reprendre la route.
C'est ici que nous laissons nos courageux passagers franco-australiens qui vont tenter de rejoindre Ushuaïa en stop. He oui ! La célèbre petite ville n'est qu'à 340 km d'ici par la route ! Mais comme nous l'avons déjà visité il y a 7 ans, nous leur souhaitons bonne chance (il n'y a quand même pas foule à passer par là...) et reprenons notre petit circuit comme prévu !
Quelques flamants se rafraichissent dans la laguna Poca agua.
Ce petit abris bus nous abritera du vent et fera l'affaire pour notre pause pique-nique ! Une hirondelle du Chili (Tachycineta leucopyga) essaie d'ailleurs de bien profiter de la situation...
Notre boucle repasse évidemment par le détroit de Magellan que nous devons traverser de nouveau mais cette fois-ci au Nord pour rejoindre le phare de Punta Delgada. La traversée est plus rapide puisque seulement 4 kilomètres sont nécessaires au ferry Patagonia pour passer de l'autre côté.
A gauche, au départ de Punta Espora. A droite à l'arrivé, à Punta Delagada.
Le phare Punta Delagada.
Et voilà ! Il ne nous reste plus qu'à rouler jusqu'à Punta Arenas. C'est facile, il suffit de suivre la route de la fin du monde ! Et d'ailleurs demain, nous serons justement au bout du monde car nous quittons la Patagonie et son climat hivernal pour un endroit bien plus ensoleillé : l'île de Pâques !
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