Malaisie 2024
Penang Hill, Entopia et George Town
Lundi4novembre
Après la visite très spirituelle de Kek Lok Si, l'après-midi sera beaucoup plus animée et touristique avec une petite balade en haut de Penang Hill. L'accès se fait par un funiculaire.
C'est l'un des funiculaires les plus raides du monde.
Nous voici arrivés. Le point le plus haut est à 833 mètres au-dessus du niveau de la mer avec des points de vue sur George Town et le détroit de Pénang.
Le second pont et ses 23 kilomètres de long, le plus long d'Asie du Sud-Est.
Penang Hill est également une grande réserve de Biosphère reconnue par l'UNESCO en 2021. Le parc se dit donc "écotouristique" et est aménagé afin de faire découvrir aux visiteurs toutes les richesses de la flore de la forêt tropicale. Nous commençons donc une petite balade pédestre sur les différents sentiers qui traversent une partie de la réserve. Ce n'est pas le cas de tous, qui préfèrent à leurs pieds, les roues des petites voiturettes...
Boîte aux lettres de l'époque coloniale, fabriquée au Royaume-Uni en fonte par A. Handyside
Le "Curtis Crest Treetop Walk", passerelle circulaire qui offre une vue panoramique à 360 degrés sur l'île, le continent et la mer d'Andaman.
La passerelle est à 13 mètres de hauteur.
Nous voici maintenant devant le "Langur Way Canopy Walk", pont suspendu de 230 mètres de long. Il est composé de plusieurs sections qui serpentent à travers les cimes des arbres.
À son point le plus élevé, le Langur Way se situe à environ 40 mètres au-dessus du sol.
Les promeneurs sont plus ou moins poilus . En ce qui concerne ces macaques à longue queue (Macaca fascicularis), c'est l'heure du toilettage...
George Town face à la ville de Butterworth sur le continent.
Les nuages s'invitent de temps en temps, rivalisant avec le Soleil qui tente des percées...
Le Soleil laisse sa place aux lumières de la ville.
Fin de journée, nous arrivons dans notre nouvel Airbnb. Un grand loft idéalement placé au dixième étage face au détroit de Pénang.
Nous sommes juste à côté de la mosquée Al Bukhary.
Mardi5novembre
Réveil avec les énormes fenêtres sur l'ensoleillé détroit de Pénang. Au loin, on devine la petite montagne "Tokun Peak" et la ville de Butterworth
La journée commence par la visite de Entopia, "la ferme aux papillons", serre géante dédiée à la microfaune tropicale.
Les premières salles présentent des terrariums avec leurs divers petits habitants, à commencer par des amphibiens. Ici nous voyons la grenouille cornue de Malaisie (Megophrys nasuta).
Le Pyxicephalus adspersus, plus connu sous le nom de grenouille taureau africaine, est le plus grand amphibien d'Afrique. Ce prédateur imposant est maître dans l'art de l'embuscade, passant une grande partie de son temps enfoui dans le sol, ne laissant dépasser que le haut de sa tête et ses yeux. Cette grenouille carnivore se nourrit d'insectes, de petits rongeurs, d'oiseaux et même d'autres amphibiens... Adaptée aux climats secs, elle peut estiver pendant des mois, sécrétant un cocon de mucus pour survivre à la déshydratation.
Le gecko chat (Aeluroscalabotes felinus), petit reptile nocturne originaire des forêts tropicales humides. Il doit son nom à sa queue préhensile qui ressemble à celle d'un chat et qu'il utilise pour s'agripper aux branches.
La mygale saumon rose brésilienne (Lasiodora parahybana), l'une des plus grandes espèces de tarentules au monde... Et la tarentule à poils bouclés (Tlitocatl albopilosus) avec ses poils longs et bouclés qui recouvrent son corps lui donnant un aspect duveteux.
La vipère de Wagler (Tropidolaemus wagleri), serpent venimeux arboricole caractérisée par sa tête triangulaire.
Nous passons maintenant dans la serre où cette fois-ci les animaux sont en liberté, notamment les nombreux papillons.
Des tilapia du Nil (Oreochromis niloticus).
L'incontournable Néphile dorée (Nephila pilipes). J'ai l'impression de la croiser à chacun de mes voyages tropicaux... Les femelles, beaucoup plus grandes que les mâles, construisent des toiles géantes et complexes pour capturer de gros insectes, voire de petits oiseaux...
Un beaucoup plus sympathique papillon clipper (Parthenos sylvia) posé sur un palmier d'Arec (Dypsis lutescens).
Le Bombyx Atlas. Il est considéré comme le plus grand papillon de nuit au monde, avec une envergure pouvant atteindre 30 centimètres. Les motifs et les couleurs de ses ailes lui confère un camouflage efficace. L'imitation de la tête de serpent à l'extrémité de ses ailes antérieures est une stratégie de défense pour effrayer les prédateurs...
Le Bombyx Atlas adulte n'ayant pas de bouche fonctionnelle, il ne se nourrit pas et vit sur les réserves accumulées durant sa phase larvaire. Sa courte durée de vie d'une à deux semaines est entièrement dédiée à la reproduction.
Le Junonia almana ou "Peacock Pansy" (Pensée de Paon). Et le Cethosia cyane ou "Leopard Lacewing" (Chrysope léopard)...
A gauche, le papillon aristoloche (Pachliopta aristolochiae) et ses couleurs sombres ornées de marques rouges et blanches. A droite, le fréquent papillon Clipper.
Deux geckos volant de Kuhl (Ptychozoon kuhli) et un gecko aux yeux verts de Smith (Gekko smithii) reconnaissable à ses yeux verts contrastant avec son corps gris-vert.
Le papillon Nymphe des arbres (Idea leuconoe).
Un Queue de chat (Acalypha hispida) et ses longues inflorescences pendantes, d'un rouge vif et duveteuses. Et une orchidée terrestre plissée (Spathoglottis plicata).
Une héliconia rostrata (Heliconia rostrata).
Nous passons dans "The Cocoon" partie éducative et ludique d'Entopia.
Des sauterelles géantes. Le Mecopoda elongata, aussi appelé sauterelle des buissons malaise. Il se camoufle parfaitement grâce à sa couleur verte ou brune. Et la sauterelle-feuille géante (Pseudophyllus hercules) est un maître du camouflage avec ses ailes aux nervures et à la texture presque identiques à celles de la végétation environnante.
La blatte de Madagascar (Gromphadorhina portentosa), souvent appelée blatte souffleuse, est l'une des plus grandes espèces de blattes au monde. Contrairement à la plupart des blattes, elle n'a pas d'ailes et est célèbre pour sa capacité à produire un sifflement en expulsant de l'air par ses spiracles, un mécanisme de défense unique.
Le Phasme de Gray (Haaniella grayi) originaire de l'île de Bornéo. Contrairement aux phasmes qui imitent de fines brindilles, lui se fait passer pour une branche morte, couverte de lichen ou d'épines. Ses pattes avec des extensions plates ressemblent à des feuilles séchées perfectionnant encore plus l'illusion.
Et c'est ainsi que nous abandonnons le monde des insectes pour celui des gallinacés en allant déjeuner dans un restaurant proposant entre autre des satay au poulet...
Retour dans la ville de George Town, et plus précisément devant le Manoir Pinang Peranakan.
Le Manoir Pinang Peranakan fut la résidence de Chung Keng Quee, un riche magnat chinois du XIXe siècle et leader de la communauté Hakka. Ce manoir est un témoignage du mode de vie opulent des Peranakans, une communauté unique née du mélange des cultures chinoise, malaise et britannique. Le bâtiment lui-même combine boiseries chinoises, ferronneries écossaises et carreaux de sol anglais...
La salle de réception principale.
Le lit de mariage Peranakan, créant un espace intime et privé pour le nouveau couple... Cette dame Peranakan dont le portrait est accroché dans cette chambre en aura peut-être profité...
Les portraits des figures emblématiques de la demeure. À gauche, Chung Keng Quee, le patriarche et bâtisseur des lieux. Il y est représenté dans sa tenue officielle de "Kapitan Cina", un titre influent donné par l'administration coloniale aux chefs de la communauté chinoise. À droite, son épouse principale, Foo Teng Nyong, la matriarche. Elle est parée de ses plus beaux bijoux, symboles de la richesse et du statut de cette famille Peranakan.
Le manoir est une machine à voyager dans le temps. Après les habits traditionnels du 19ème, ce sont les objets du quotidien du 20ème qui s'exposent.
La cour intérieure en toute modestie avec sa fontaine et son bas-relief mythologique.
"Petite" collection de poupons en biscuit de porcelaine dans ce cabinet de curiosités...
Cérémonie de mariage Peranakan. La mariée, ("Nyonya"), habillée de la tenue de mariage traditionnelle Peranakan et le marié, appelé Baba, posent pour ce tableau. Contrairement à son épouse, il arbore un smoking occidental, norme pour les hommes Peranakan de l'époque. Cela signifiait leur statut, leur éducation et leur intégration dans le monde moderne du commerce et de l'administration britannique coloniale.
Séance photo. Cette fois-ci, nous sommes bien en 2024. Vraie mariée ou juste plaisir de plonger dans le passé le temps d'un costume ?
Quittons cette capsule temporelle pour parcourir les décorations non pas des maisons, mais celles des rues, réarrangées par les artistes venus agrémenter les rues de George Town. Dans le cadre de son inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO, George Town a lancé en 2009 un concours international intitulé "Marking George Town". Ces sculptures racontent l'histoire des rues et des communautés locales avec une touche d'humour. La société Sculpture at Work, sous la direction de l'artiste local Tang Mun Kian, a remporté ce projet avec le thème "Voices of the People". Depuis 2010, ce projet compte 52 sculptures en tige d'acier.
"Hoooo, think I climb up the wrong tree", Hoooo, je crois que je me suis trompé d'arbre. Cela parle du "toddy" ou vin de palme, une boisson alcoolisée obtenue à partir de la fleur sous-développée du cocotier, traditionnellement consommée par les ouvriers indiens.
"NEXT... HERE, HERE, AND HERE!" et les pousses-pousses autant guides culinaires que taxi. Et le Mahjong, le jeu de société chinois passe-temps favori des personnes âgées, souvent surnommé "le jeu des moineaux" en raison des sons que font les tuiles lorsqu'elles sont mélangées.
L'oeuvre "Temple", située sur Lorong Muda à George Town, capture l'ambiance trépidante et chaotique autour du Temple de la Déesse de la Miséricorde. "Les premier et quinzième jours de chaque mois lunaire, le Temple de la Déesse de la Miséricorde est rempli de dévots cherchant des conseils divins". La scène représente des vendeurs proposant avec insistance des offrandes religieuses : encens, bougies, fleurs, huile et bâtonnets d'encens.
La fabrication de bâtonnets d'encens, ou "joss sticks", savoir-faire ancestral qui perdure dans les rues de George Town.
La balade passe par le temple Kuan Yin Teng.
Le Temple de la Déesse de la Miséricorde, ou Goddess of Mercy Temple, est un édifice taoïste historique. Fondé en 1728, il est dédié à Guanyin, une bodhisattva vénérée comme la Déesse de la Miséricorde.
Une multitude de plaquettes de prières, déposées par des fidèles pour solliciter protection, chance ou pour apaiser une divinité durant l'année du Serpent en 2025.
Le bulletin de divination (Kau Cim ) numéro 39 promet le succès à travers des efforts constants.
Cette stèle de pierre est une "Stèle Commémorative de la Rénovation du Temple Guang Fu Gong". Ses caractères rouges gravés listent les donateurs qui ont contribué à la rénovation du temple.
Ksitigarbha Bodhisattva (Dìzàng Púsà), une figure majeure du bouddhisme d'Asie de l'Est. Il se reconnaît à son long bâton, un khakkhara, qui symbolise son pouvoir d'ouvrir les portes des enfers. Sa couronne de Bodhisattva et son expression sereine soulignent son engagement à retarder son propre éveil pour libérer toutes les âmes souffrantes, manifestant ainsi son grand voeu de vider les enfers...
Retour au street art. Ici, c'est un colporteur qui prépare des nouilles, un plat appelé "wantan mee" ou "tok tok mee". Le nom "tok tok" est une onomatopée, faisant référence au son que les vendeurs produisaient en tapotant sur un morceau de bambou creux pour annoncer leur présence et attirer les clients.
Ce grand édifice blanc à l'architecture coloniale abrite la mosquée Kapitan Keling, la plus ancienne de George Town, fondée au début du XIXe siècle par des marchands musulmans indiens.
Une nouvelle sculpture en fil de fer, oeuvre de Reggie Lee, intitulée "Ah Quee?". Elle illustre l'origine du nom de la rue, nommée d'après Kapitan Chung Keng Kwee. Le texte explique que ce leader chinois du XIXe siècle a fait don de sa maison pour faciliter l'accès routier et s'assurer de laisser son nom pour la postérité. La sculpture met en scène un fonctionnaire colonial britannique peinant à prononcer le nom chinois, tandis qu'un local s'en amuse.
Nous contiuons la rue "Ah Quee Street"et arrivons à l'une des fresques les plus photographiées de George Town, oeuvre d'Ernest Zacharevic : "Boy on a Motorbike". Ernest Zacharevic, artiste lituanien, transforme les surfaces urbaines en galeries d'art à ciel ouvert. Il combine la peinture aux mobiliers urbains donnant ainsi vie à ses créations.
La peinture murale "Boy on a Motorbike" illusionne depuis 2012 avec ce jeune garçon casqué chevauchant nonchalamment sa moto 125cm³ Minsk MMVZ-3.112.
Et si vous avez vu sur la première photo un petit dinosaure poursuivre la moto, vous ne vous êtes pas trompé. Il est bien là et heureusement, tenu en laisse par un autre enfant... ce "Little Boy with Pet Dinosaur" est également une production d'Ernest Zacharevic.
Sur le mur d'en face, au numéro 27, l'artiste Addison E.D. a peint "The Patriot" habillé d'un drapeau malaisien.
Les rues ne sont pas que décorées de peinture.
"Double rôle" illustre qu'avant 1909, la police assurait également le rôle de pompiers. La scène dépeint un policier sikh, identifiable à son turban, luttant avec un tuyau d'incendie.
Voici justement la Caserne de Pompiers Centrale (Central Fire Station), construite en 1908, avec son camion Mercedes-Benz "BOMBA" prêt à intervenir.
Les officiels sont mis à l'honneur.
Même les politiques ont droit à leur potrait en uniforme :
- Chow Kon Yeow, Ministre en Chef de Penang
- Dato' Seri Anwar Ibrahim, Premier ministre de Malaisie
- Nga Kor Ming, Ministre du Développement du Gouvernement Local
Nouveau dessin d'Ernest Zacharevic : "I Want Bao". Ces enfants tentent d'attraper des "Baozi", des petits pains farcis cuits à la vapeur avant qu'ils ne s'échappent sur ce vélo.
Nous arrivons sur Armenian Street où se trouve le dessin le plus instagramé de la ville et peut-être du pays. Ernest Zacharevic nous présente "Little Children on a Bicycle" où la fresque des deux enfants enfourchant leur vélo, s'intègre parfaitement au mur gris vieillissant. Il ne reste plus qu'aux touristes de venir s'ajouter à la scène pour immortaliser un cliché à partager dans le monde entier...
Après deux enfants et un vélo, voici un enfant et deux scooters.
"Too Narrow" (Trop Étroit) sur Soo Hong Lane, la ruelle la plus étroite de George Town où les pousse-pousse se retrouvent coincés... Et "Procession" qui évoque la Grande Procession de Chars du Tua Pek Kong Hneoh qui a lieu chaque année du Tigre pour chasser la malchance.
Au détour d'une ruelle, une nouvelle fresque d'Ernest Zacharevic "Boy on chair" vient mettre en scène un petit garçon juché sur une véritable chaise en bois. Sa main tente d'atteindre un objet installé dans cette petite niche, seul élément qui varie dans le décor. En ce jour de novembre 2024, c'est un bonhomme de neige qui prend le rôle.
Dans la rue perpendiculaire, un gros chat roux surveille l'enfant, la chaise et le petit bonhomme de neige...
A Cannon Street, nous retrouvons la série forgée de Tang Mun Kian. Cette fois, l'oeuvre est inspirée des émeutes de Penang de 1867 où un tir artillerie avait créé un énorme trou dans le sol, donnant le nom à cette rue.
Les oeuvres n'ont pas toutes le droit à un rafraichissement ou une restauration. Celle-ci attend sagement son tour.
Le street art se cache parfois dans les détails. Il faut avoir l'oeil ou un peu de chance pour tomber sur celles qui se fondent plus ou moins dans le décor urbain et là où on ne s'y attend pas.
Nouveau passage devant le petit garçon qui ne peut pas récupérer discrètement le petit bonhomme de neige "infondable"...
Au 11 cannon street, il y a tentative de chapardage de deux petits oisillons. Espérons qu'ils ne seront pas offerts au petit chat adepte du moindre effort situé en bas...
Les fils de fer de Tang Mun Kian continuent à raconter l'histoire de la ville. Ici, c'est le Nasi Kandar qui est mis en avant. Ce plat emblématique de Pénang est composé de riz accompagné de divers currys et de viandes servis à volonté. Il a été créé par des vendeurs ambulants musulmans tamouls.
Ces visages mettent sans doute à l'honneur les Orang Asli, communauté autochtone que nous avions croisé lors de notre petit trek dans Tama Negara.
Notre rando citadine nous emmène au bord du détroit, dans les "Clan Jetties". Ce sont des villages traditionnels sur pilotis, érigés dès le XIXe siècle par des communautés chinoises. Chaque jetée, nommée d'après un clan familial, est un témoignage de l'organisation sociale des premiers immigrants chinois en Malaisie.
Au bout de la jetée, les badauds refont le monde face au continent.
Juste derrière les jetées, les petits restaurants hawkers attendent les passants en recherche d'un diner rapide.
C'est ainsi que se termine notre petit séjour sur l'île de Penang. Demain, c'est une autre île qui nous rejoignons, Langkawi !
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