Singapour 2024
Chinatown et le Buddha Tooth Relic Temple
Vendredi15novembre
Deuxième journée singapourienne. Le métro est le moyen incontournable de la ville. Le Mass Rapid Transit, ou MRT, est le réseau public de Singapour. Certaines rames sont entièrement automatisées comme la Circle Line où nous sommes ici. 
Des règles strictes, inhabituelles pour nos régions occidentales, sont appliquées, comme l'interdiction de transporter le durian (Durio zibethinus), dont l'odeur forte et pénétrante pourrait semer le trouble dans la rame de métro. 
Nous voici sur Pagoda Street, dans le quartier de Chinatown héritage des premiers immigrants chinois.
Cette sculpture en bronze de l'artiste Lim Leong Seng rend hommage aux femmes Samsui, des immigrantes chinoises qui ont joué un rôle déterminant dans le développement de Singapour au XXe siècle. Reconnaissables à leur emblématique coiffe rouge, un tissu plié et amidonné pour se protéger du soleil, elles formaient une part importante de la main-d'œuvre sur les chantiers de construction.
Le temple Sri Mariamman, le plus ancien sanctuaire hindou de Singapour. Son entrée est surmontée d'un gopuram, une tour pyramidale caractéristique de l'architecture dravidienne du sud de l'Inde. Cette structure est entièrement recouverte de sculptures polychromes détaillées, représentant un panthéon de divinités et de créatures mythologiques. 
Madurai Veeran, un héros populaire du folklore tamoul, vénéré comme un puissant protecteur. Il est traditionnellement représenté avec une moustache proéminente et un sceptre, flanqué de ses deux chevaux.
Un petit sanctuaire abrite une tête colossale ornée d'un cobra. C'est Iravan, un héros de la grande épopée hindoue, le Mahabharata. Il est particulièrement vénéré dans le culte de Draupadi et joue un rôle central lors du festival de Thimithi, la cérémonie annuelle de marche sur le feu.
La déesse Draupadi.
Les dévots s'avancent dans l'allée pour présenter leurs offrandes et recevoir le darshan, c'est-à-dire recevoir la bénédiction visuelle de la divinité principale, Mariamman.
Sur Temple Street, une fresque murale de l'artiste Yip Yew Chong redonne vie à une scène du passé, un wayang, l'opéra de rue chinois qui animait autrefois les quartiers de la ville.
Nous arrivons devant ce qui sera sans doute le point d'orgue spirituel de nos quatre semaines sur la péninsule malaisienne ! Ce grand temple, achevée en 2007, a pour vocation d'abriter une relique sacrée, une dent de Bouddha. Il s'agit de ce qui est présenté comme la dent canine gauche du Bouddha, récupérée d'un stupa effondré au Myanmar. 
L'entrée du temple s'ouvre sur la Salle des Cent Dragons, le principal espace de prière. Les fidèles et les moines s'y rassemblent pour les cérémonies quotidiennes. Mais aujourd'hui, nous avons de la chance, c'est la cérémonie de clôture de la "Grande Offrande aux Bouddhas et aux Êtres Célestes" ! Cette cérémonie consiste à présenter des offrandes au Triple Joyau, qui représente le Bouddha, ses enseignements et la communauté monastique, ainsi qu'à diverses divinités protectrices. Selon la tradition, cet acte de dévotion permet aux participants d'accumuler des mérites et de recevoir des bénédictions pour l'année à venir. 
Les offrandes alimentaires comme le riz (Oryza sativa) sont une pratique courante pour les fidèles. Cet acte vise à accumuler des mérites et à soutenir la communauté monastique. Le message qui accompagne ces dons invoque les bénédictions du Triple Joyau, c'est-à-dire le Bouddha, ses enseignements et la communauté des moines. 

Pendant que la cérémonie suit son court, nous montons au dernier étage, celui de la Pagode des Dix Mille Bouddhas. Les murs sont tapissés de milliers de petites niches illuminées. Chaque alvéole abrite une statuette du Bouddha, une pratique qui permet aux fidèles d'accumuler des mérites par le biais de dons.
Nous voici sur le toit terrasse où un petit pavillon abrite un grand moulin à prières recouvert du mantra en écriture tibétaine. Faire tourner le moulin dans le sens des aiguilles d'une montre est un acte de dévotion. Chaque rotation équivaut spirituellement à la récitation des milliers de prières qu'il contient.

Cet autel est dédié au Bouddha de la Médecine, Bhaisajyaguru. La statue, reconnaissable à sa chevelure bleue, est représentée en position de méditation sur un trône de lotus. Devant elle, des offrandes de fruits et de riz sont disposées par les fidèles.
Le pavillon au grand moulin est coiffée d'une flèche dorée, ou fleuron, un ornement typique des stupas bouddhistes. Elle est composée d'anneaux et de clochettes, symbolisant les différents niveaux de l'éveil.
À l'entrée de la Salle des Cent Dragons, une boîte à offrandes s'est dotée d'un QR codes pour faire un don. 
La galerie de la mezzanine offre une vue plongeante sur la Salle des Cent Dragons. Depuis cet étage, on peut observer les cérémonies à travers les stores.
La cérémonie de la Grande Offrande, ou Gōngfó Dàzhāitiān débute avant l'aube par une phase d'invitation solennelle, Yíngqǐng, où les moines invitent les 24 Devas, les êtres célestes protecteurs, à un banquet symbolique. Le coeur du rituel est la grande offrande, Shànggōng, durant laquelle des mets végétariens, des fruits, des fleurs et de l'encens sont présentés sur des autels garnis. Chaque élément est symbolique, comme les centaines de lampes allumées qui représentent la sagesse dissipant l'ignorance. La cérémonie se conclut par le rituel Sòngshèng, un raccompagnement respectueux des divinités. Cet acte de dévotion a pour but l'accumulation de mérites pour les fidèles. 
Quelques moines rythment la cérémmonie aux sons de leurs instruments traditionnels. Le moine de droite joue du suona, un hautbois traditionnel chinois au son clair et perçant.
Le joueur de suona a troqué son instrument pour un dizi, une autre flûte chinoise mais traversière celle-ci.

Menée par l'abbé du temple et les moines seniors, la cérémonie commence par des chants et des rituels pour purifier le lieu.
Ensuite, par des chants de sutras et de mantras spécifiques, les moines invitent respectueusement le Bouddha, les Bodhisattvas, puis, un par un, les 24 Devas à descendre de leurs royaumes célestes pour assister au banquet.
Le coeur de la cérémonie est la phase de la Grande Offrande, ou Shànggōng. C'est à ce moment que les offrandes sont présentées, incluant de la nourriture végétarienne, des fruits, et des pains à la vapeur. L'encens est également brûlé pour purifier l'atmosphère et transporter les prières.
Le moine officiant est revêtu d'un costume de cérémonie réservé aux rituels majeurs. Sa coiffe rouge est une "Couronne des Cinq Bouddhas", ou wufoguan. Par-dessus sa robe monastique, il porte une cape rouge brodée de dragons et de caractères sacrés en fil d'or. Il tient un sceptre ruyi, un objet rituel qui symbolise l'autorité et le pouvoir spirituel dans le bouddhisme chinois. 
Ce n'est pas le tout, mais il y a des choses à voir dans cette mezzanine ! Des représentations en cire ultra réalistes des moines Éminents du temple sont exposés tout autour de la galerie. Nous avons par exemple ici au milieu, le Vénérable Shi Fa Zhao, le moine qui a fondé ce temple où nous sommes. Il est dans sa tenue monastique, la kāṣāya avec son chapelet de prière, ou mala. 
Les moines en cire depuis l'autre côté de la mezzanine.
Nous ressortons du temple et en faisons le tour pour rejoindre une autre porte d'accès.
Nous voici à l'entrée secondaire qui s'ouvre sur la Salle de la Sagesse Universelle. À l'intérieur, la salle est dédiée au bodhisattva Cundi, une manifestation de Guanyin. L'autel, flanqué de statues de gardiens, est illuminé par des centaines de luminaires suspendus au plafond.
Samantabhadra sur son éléphant blanc est entièrement entouré de centaine de statuettes de Bouddha.
La cérémonie de la Grande Offrande, ou Gōngfó Dàzhāitiān, se termine par le rituel du Sòngshèng, le raccompagnement des divinités. Cette étape finale culmine avec la combustion de la tablette principale et des papiers de prière. Cet acte n'est pas destructeur mais transformateur. La fumée est considérée comme un véhicule symbolique, transportant les mérites accumulés et la gratitude des fidèles vers les royaumes célestes. Ce geste final assure que les prières et les offrandes ont bien été transmises, clôturant ainsi le cycle rituel. 
Les hawker centres, ou centres de restauration, sont une institution à Singapour, inscrits au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO. Ces vastes aires de restauration regroupent de multiples échoppes indépendantes, proposant une grande diversité de plats à des prix abordables. Ils sont le reflet du multiculturalisme de la cité-État, où les cuisines chinoises, malaise et indienne se côtoient. Nous sommes ici au Chinatown Complex, l'un des plus grands de la ville. 
Pour moi, ce sera des soon kueh, enfin je crois... Une spécialité de la cuisine Teochew, une des communautés chinoises de Singapour. Ces raviolis sont cuits à la vapeur et leur peau, à base de farine de riz et de tapioca, est translucide.
Trengganu street.
Ha !
Voilà le fruit placardé partout comme l'ennemi juré numéro 1 ! Le durian (Durio zibethinus) ! Il est pourtant surnommé le "roi des fruits" ! 
Photo de droite. Le People's Park Complex, avec son étroite façade jaune et verte, est une icône de l'architecture brutaliste à Singapour. Inauguré en 1973, cet immeuble à usage mixte fut l'un des premiers grands centres commerciaux de la cité-État. Sa tour résidentielle surplombe un podium commercial. Nous y serons dans un instant !
Pagoda Street et ses shophouses restaurées, avec leurs façades colorées et leurs volets en bois, abritent aujourd'hui des commerces. La structure en verre couvre l'accès à la station de métro.
Nous sommes à l'intérieur du People's Park Complex. Des escalators relient les multiples étages, où se côtoient agences de voyage et commerces de proximité.
Voici notre commande
. A base de glaces pilées, le premier est un ice kacang. Il se compose d'une montagne de glace râpée, nappée de sirop de sucre de palme et garnie de haricots rouges et de cacahuètes concassées... Le second bol présente une variante, un dessert à la gelée d'herbe ou cincau, fabriquée à partir de la plante Platostoma palustre. 
Dans l'échoppe voisine, des bakkwa sont préparés. Cette spécialité de viande séchée est un héritage de la cuisine chinoise. Il s'agit de fines tranches de porc marinées dans un mélange de sucre, de sauce soja et d'épices. La préparation se termine sur un gril au charbon de bois, une étape qui donne à la viande sa saveur fumée et caramélisée. Les artisans retournent constamment les feuilles de viande pour assurer une cuisson uniforme. Nous les testerons dans le dernier jour ! 
Le complexe résidentiel The Pinnacle@Duxton est composé de sept tours de 50 étages et de deux jardins suspendus, ou skybridges, qui relient les tours au 26ème et au 50ème étage. 
Quartier riche ou pauvre ? Cette Lamborghini et cette Bentley devraient nous aider à répondre à cette question...
Les shophouses de Singapour se distinguent par leurs "five-foot ways", des passages couverts continus au rez-de-chaussée. Ce concept architectural fut imposé par Sir Stamford Raffles au début du XIXe siècle. Il visait à créer un abri public pour protéger les piétons du soleil tropical et des pluies torrentielles.
Le quartier d'affaire approche.
Passage devant le temple Thian Hock Keng. Le temple Thian Hock Keng, ou Palais du Bonheur Céleste, est l'un des plus anciens et des plus importants temples hokkien de Singapour. Le temple, aujourd'hui monument national, fut assemblé sans utiliser un seul clou.
Une stèles en granit relatent la construction du temple. Elle liste également les noms des donateurs de la communauté hokkien.
Des dieux gardiens, ou ménshén représentés sur les portes du temple Thian Hock Keng. Ils sont peints selon une technique de dorure sur laque noire typique du sud de la Chine.
Une autre fresque de Yip Yew Chong, située sur Amoy Street, représente la rivière Singapour à une époque où elle était le coeur économique de la ville. Des sampans, des bateaux traditionnels en bois, y transportaient des marchandises vers les entrepôts qui bordaient les quais.
Retour à l'hôtel en passant par dessus la Geylang Road !
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